« Les Nuits », c’est un film en forme de disque. Les cavalcades de licornes infernales (« Unicorns from hell » in « Hunters », 2019) ou la disco froide et hargneuse (« On the deathfloor » in « Beverly Hells », 2012) ne sont plus que des réminiscences. Le 4e album de Clinic Rodeo, enregistré et mixé par leurs soins en leur demeure, est hanté de cauchemars et de poésie. Y transpire un romanPsme noir, impression soleil couchant. Le duo parisien (Ad aux cordes, Joy Harvey aux fûts) disPlle toujours une vision d’une Americana d’autant plus authenPque que fantasmée. Elle innerve les deux énervés. Mais le rock garage et ses raffinements primiPfs prend des atours brumeux, magnifiés par le mastering de Raphaël Jonin (Alain Bashung, Anne Paceo, Kyle Eastwood, Shaka Ponk…). « From Love to Die » se
pare d’accents bondiens. «Holy Night » dévide une implacable rythmique stoner d’où s’exPrpent des choeurs spectraux. Toujours, les strates mulPples de guitares déferlent. Toujours, les peaux sont frappées sèchement et les éclats de cymbales sont comme des estafilades. On ne bapPse pas une chanson « Fury » pour de rire. Au micro, ça croone, ça râle, ça susurre… Car du sépulcre jaillit la vie. « Les Nuits », on rêve.